lundi 2 septembre 2013

Le bilan

De l’objectif...
(quoique le loch-sondeur surévaluait d’environ 5% nos performances) :
  • départ de Port-La-Forêt le 1er mai 2013 ; départ de Dublin le 12 mai 2013 ; arrivée en Islande / Seyðisfjörður le 20 juin ; départ d’Islande / Hafnarfjörður le 3 août ; arrivée à Port-la-Forêt le 11 août 2013.
  •  trajet PLF – Brest – Dublin -  Ecosse – Orcades – Shetlands - Féroés – Islande (de Seyðisfjörður à Hafnarfjörður) – PLF = 3979 Nm d’après le loch-sondeur.
  •   trajet effectué à 2 = Dublin - Islande (de Seyðisfjörður à Hafnarfjörður) = 2035 Nm d’après le loch-sondeur.

En Islande, à part à Reykjavik et Isafjörður (et peut-être Akureyri), il n’y a pas de plaisance et aucune structure d’accueil dédiée à la plaisance. En revanche, les autorités accueillent gratuitement et volontiers les plaisanciers (le long d’un quai ou d’un chalutier…). Nous avons la plupart du temps eu accès à de l’eau (qui coule à flots) et de l’électricité. Mais pas de toilettes, la douche se prend à la piscine (il y en a partout) ou au camping. L’accès à une machine à laver est très variable, mais reste possible.
Compte tenu de la latitude élevée, pas de nuit, ce qui permet de faire des navigations longues de jour.
Nous n’avons pas rencontré d’iceberg même dans l’Ouest au plus près des côtes du Groenland.
Tous les bateaux disposent d’un AIS mais très peu d’informations transitent par la VHF.
La couverture 3G Vodaphone est excellente.


Du quasi-objectif
Nous nous attendions à une mer difficile, des vents violents et mal prévus...
OK pour la mer agité, mais pas plus que sur les côtes Ouest de l’Irlande ou le raz de Sein…
Les prévisions météo marine ne sont pas si mauvaises, mais il y a effectivement des phénomènes locaux brutaux et en particulier des accélérations du vent. Nous avons observé ces dernières non seulement sous le vent des montagnes (vents catabatiques), mais aussi en bordure des plaines qui font estuaires ou lors du passage de caps (effet tunnel). Un vent de 20 kt se transforme allègrement en un vent de 40 kt et plus au passage des glaciers...
Au bilan, nous avions fait mettre un ris dans la trinquette… que nous n’avons pas eu besoin d’utiliser, non plus que le 3° ris dans la grand’voile. Et en rentrant au début du mois d’août c’est le manque de vent que nous craignions et non les grandes dépressions de l’Atlantique Nord !
Les vents étaient majoritairement favorables, et nous avons fait très peu de chemin au près en louvoyant.
En revanche, nous n’avons pas pu mettre la main sur une description des courants de marée en Islande (qui n’existe apparemment pas sur papier, et qui n’apparaît pas sur les cartes électroniques). Or, nous avions la plupart du temps du courant contraire, jusqu’à 3 nœuds au passage de certains caps…Cette année et compte tenu des vents rencontrés, le choix de naviguer dans le sens inverse des aiguilles d'une montre peut se discuter.
Et les fonds de certaines régions ne sont pas cartographiés : entrer ou longer les côtes de certains fjords de l’Ouest, c’est naviguer sur un terrain inconnu : nous avons renoncé.
En fait, il  n’existe que deux documents nautiques accessibles pour naviguer en Islande : le guide Imray écrit par Willy Ker qui date un peu et est très succinct. Il manque notamment de cartes et d’illustrations. Et l’équivalent islandais de l’Almanach du marin Breton, écrit en Islandais et destiné aux pêcheurs (sans les courants de marées…).

Du subjectif
  • Nous nous attendions à des côtes désertiques ne permettant que difficilement des réparations…

OK, il n’y a pas de shipchandlers ailleurs qu’à Reykjavik, et même à Reykjavik… Mais le moindre port est équipé pour entretenir sa flotte de pêche, et la débrouillardise et la mobilité sont de mise : nous ne nous sommes pas sentis isolés de ce point de vue et avons trouvé le filtre à carburant pour notre moteur (qui n’existe pas en Islande) sans difficulté.
  • Nous nous attendions à un été froid, humide et brumeux et sans soleil…

OK, il a fait frais : en moyenne 12° au lever dans le bateau, et entre 0 et 20 ° dans la journée en fonction de l’altitude à laquelle nous évoluions. Mais avec un peu de chauffage le matin au réveil et le soir au dîner, pas de problème.
Côté pluie, la surprise a été agréable : au final nous avons été moins arrosés que l’an dernier en Galice ! Pas trop de brouillard en navigation non plus.
Et nous avons eu du soleil, mais pas tous les jours… Comme nous sommes Bretons, nous nous y sommes retrouvés !
Nous n’apprécions pas les longues traversées : nous confirmons que nous avons trouvé le retour long, mais les conditions étaient favorables. En fait, l’équivalent du retour des Açores avec un peu plus de mer sur la première partie du trajet…

Au bilan, nous avons rencontré de bonnes conditions météorologiques, n’avons pas rencontré de problème technique ou de navigation.

Il n’empêche ! Il y a du chemin, et nous avons terminé notre périple fatigués…

Mais sans aucun regret : le pays est magnifique, la population accueillante, l’expérience prenante mais exaltante ! Et pour prendre encore mieux son temps, il existe des possibilités d’hivernage sur place.

dimanche 11 août 2013

Arrivée du bateau à bulles

Après 8 jours, et 17 heures de nav, 1272 nautiques en direct sur la carte, .1481 nautiques d'après notre loch dont 61 heures au moteur, Pikourous est amarré au ponton à Port-la-Forêt. Nous prenons l'apéro sous le pommier et profitons du beau temps en Bretagne et du barbecue préparé par Marie la-Bellancourt-qui-squatte).
C'est bien aussi la Bretagne...

Plus de nouvelles plus tard. Urgent : repos, détente, douche et dodo.

samedi 10 août 2013

Jour 8 au pays des dauphins‏

Enfin une belle nuit ! Sous voile, presque à plat, sur une mer peu agitée, ciel suffisamment dégagé pour que les étoiles nous donnent un peu de lumière : parfait pour les quarts, et parfait pour dormir ! Bon, nous avons toujours du sommeil en retard, mais le manque est moins aigu.


Côté rencontres, ce sont les dauphins qui dominent, et ils nous ont accompagnés ces dernières 24 heures. Il y a eu aussi un cargo de 300 m de long vers 4h00 du matin, et récemment un voilier (le premier depuis quelques semaines !). Et bien sûr, le sujet principal d'intérêt de l'équipage est "Quand est-ce qu'on arrive ?". Le passage de Sein (sans doute à l'Ouest de ArMen) aurait lieu au petit matin le 11 août, ce qui nous imposerait des courants défavorables. La question suivante est : "arriverons-nous assez tôt dans la soirée à Port-la-Forêt pour envisager un barbecue ?"
Chaud devant dans les rails d'Ouessant...

Comme vous pouvez le constater, nos centres d'intérêt sont de plus en plus matérialistes...
Bisous et à bientôt maintenant !
Position à 12h00 UTC :   49°7.6' N  7°25.2' W
Distance parcourue sur les 24 dernières heures : 160 miles nautiques
Vitesse moyenne sur la durée : 6,6 nœuds
Cap 120°
Vitesse instantanée : 7,5 nœuds sous spi
(Instrument peut être un peu optimiste...)

vendredi 9 août 2013

Jour - ???? Gnarff y'en a marre!

Sur la carte, la ligne d'arrivée parait proche. En pratique, une petite fraction d'un millier de miles reste une distance conséquente lorsqu'on navigue a 6 nœuds. L'ambiance a bord est typique d'une fin de traversée. On
a fait le plus gros, on se relâche un peu sur la discipline, on s'imagine dans un vrai lit avec une douche pas loin... Mince... "quand c'est qu'on arrive?". Faut se distraire...


Hier, on a eu du bon vent de nord-ouest, fourni par une dépression centrée sur l'Irlande. On a eu les meilleures sensations "voiles" de la traversée, avec des gros surfs de vagues de 2 mètres et des moyennes de vitesse frôlant les 9 noeuds.
Après une nuit relativement calme (mais longue et noire), on se réveille avec "Pétole" et son pote "Merduile". Le programme d’aujourd’hui va être bouffe, lecture et surtout dodo en prévision des deux nuits qu'il nous reste a naviguer.
Position à 12h00 UTC : 50°35.8200' N 10°28.2500' W
Distance parcourue sur les 24 dernières heures : 176 miles nautiques
Vitesse moyenne sur la durée : 7,3 noeuds
Cap 120°
Vitesse instantanée : 6 noeuds
(Instrument peut être un peu optimiste...)

jeudi 8 août 2013

Jour 6 - Et le vent rentre à nouveau‏

hmm, ce poulet basquaise.. idéal avant que le vent se lève et que la nuit ne tombe.. on éteint le moteur, le temps de reposer les oreilles et de véritablement profiter de notre dîner, le temps surtout de se rappeler que l'on aura besoin d'un peu d'énergie ce soir.
Le vent finit par rentrer, 12 nœuds, puis 13, premier ris, 14 , 15.. Faut aller mettre la trinquette et rouler le génois.. un grand coup de barre sous le vent, ça soulage la pression dans les toiles.. Le génois est ramassé, faut maintenant aller a l'avant, en rampant, vérifier la montée de la trinquette.. Merde, j'en ai plein les pompes. je vais avoir froid pendant tout mon quart.. Vite, retour a l'arrière, bien à l'abri dans le cockpit. 16, 17, on lâche un peu de rail sous le vent, 18, 19, un peu d'écoute à présent. J'essaie de retarder mais je sais bien que ce qui m'attend maintenant, 20, 21, c'est le deuxième ris.. on descend un peu de drisse, on reprend de la bosse, on redescend encore de la drisse et on reprend à nouveau de la bosse.. aie!! ça coince, le hale bas est trop serré.. on recommence.. 22, 23, fallait pas plus tarder. 24, 25, le vent siffle autour du bateau, dans le mât, dans les voiles.. de temps en temps, une vague vient s'écraser par l'arrière et résonne dans tout le bateau.. une autre déferle sur le pont avant, et recouvre tous les hublots.. qu'est ce qu'on est bien dans la descente du cockpit.. Oui mais le sac de trinquette flotte sur le pont avant, et fait flip flap avec les rafales.. et le nerf de chute doit être resserré, depuis que 26, 27, le vent s'est stabilisé.. la maman surveille de son œil inquiet tandis que je m'installe tant bien que mal sur le pont avant.. quelques demi-clés, un petit serrage ici, un autre là et je cours (je rampe) à l'arrière du bateau me mettre à l'abri.. la maman peut retourner se coucher, et moi profiter pour me sécher un peu..
Il est deux heures du matin, le bateau est calé, la nuit noire comme la mer, le vent restera fort mais stable. Je suis sur les rotules, c'est le moment de passer la main..
Pierre ? Tu dors ?

Position à 12h00 UTC :  52°11.8500' N 13°31.8200' W
Distance parcourue sur les 24 dernières heures : 162 miles nautiques
Vitesse moyenne sur la durée : 6,7 noeuds
Cap 120°
Vitesse instantanée : 7,5 noeuds
(Instrument peut être un peu optimiste...)

mercredi 7 août 2013

Jour 5 - Repos bien mérité

Salut tout le monde,

Le bateau à bulles recommence à pétiller, après une première partie de voyage bien agitée, où les estomacs ont été mis à rude épreuve, et où le sentiment de malaise n'était jamais bien loin. Ces conditions nous ont néanmoins permis d'avancer vite, très vite sur cette première partie de parcours, et d'atteindre en 4 jours seulement la latitude de l'Irlande.

Nous avons donc enfin repris une vie.. "normale". Nous avons effectué deux repas entiers à la suite, réussi à respecter nos quarts, commencé à ouvrir nos bouquins respectifs: mots croisés pour la maman, winter of the world pour Pierre, matelotage et nœuds du marin pour Papa (échangeant parfois avec le manuel d'installation de l'anémomètre), et sur la route de Jack Kerouac pour moi. La journée dernière et celle qui s'annonce, ensoleillées, et peu venteuses, nous permettent donc de recharger les batteries. MAIS, parce qu'en voile il y a toujours un motif de mécontentement, le vent est aux abonnés absents, et ce, jusqu'à cette fin de soirée. Nous aurons donc consommé nos 50 litres de gasoil en 36 heures, en attendant que la prochaine dépression nous passe dessus et génère les vents nécessaires à la poursuite de notre périple.
Le grands jeu des prochaines heures est donc de viser juste pour profiter au mieux de la rotation des vents générés par la dépression et ainsi trouver l'angle de vent le plus confortable et le plus rapide pour que la maman puisse faire un gros dodo et nous faire nos casse croute sans s'arnacher à l'intérieur :) Un peu de matossage également (entreposage des éléments lourds comme contrepoids du côté au vent du bateau : gazole, eau et liquide sous toutes ses formes principalement), adaptation des quarts aux prévisions météo de la nuit prochaine, et nous serons donc fin prêts pour ce qui devrait être une dernière ligne droite (légèrement arrondie quand même et pour quelques jours évidemment) vers Fouesnant.
Depuis hier, nous n'avons toujours pas croisé âme qui vive. Sous forme humaine du moins parce que les dauphins et marsouins ont été nombreux à nous accompagner. Pour autant, nous n'avons bizarrement pas le sentiment de solitude que nous pouvons parfois ressentir lors de ce genre de traversée. Le fait d'être tous les 4 peut être. Difficile à expliquer puisque cela sera pour chacun de nous la plus longue des traversées sans voir la terre (pour l'anecdote, il nous faudrait un minimum de 36 heures pour atteindre l'Irlande si nous avions besoin de toucher terre pour telle ou telle raison). Cela étant, le vacarme lancinant des actualités dépressives du monde ne nous parvient plus et personne ne s'en plaint à bord. Seuls quelques messages des proches et commentaires sur le blog (toujours bienvenus) pour nous rappeler que nous ne sommes pas oubliés du monde et qu'un jour il faudra atterrir..

Position à 12h00 UTC : 53°49.1800' N 15°39.0700' W
Distance parcourue sur les 24 dernières heures : 148 miles nautiques
Vitesse moyenne sur la durée : 6,2 nœuds
Cap 160°
Vitesse instantanée : 6 nœuds
(Instrument peut être un peu optimiste...)

mardi 6 août 2013

Jour 4

Le vent s'est calmé dans la nuit. Les quarts de nuits ont été dominés par un régime de grains faiblissant. Nous ne voyons presque plus la lueur du soleil pendant la nuit, compte-tenu de notre éloignement du cercle polaire.
La nuit prochaine sera sans doutes noire. Nous avons vu quelques marsouins et/ou dauphins pendant la nuit (difficile de faire la différence dans le noir). Les pétrels nous suivent toujours, et nous avons aussi repéré quelques guillemots. Mais comme hier, comme avant-hier, pas la moindre trace d'activité humaine, même pas une godasse trouée à la surface...
Ce matin, Nous avons tenté de lever le spi, mais sans succès flagrant (plus de vent). Donc on est au moteur... Le bon côte, c'est que nous pouvons sortir du bateau sans veste de quart, d'autant que le soleil est bien présent. Patrick est en train de faire une bonne bouffe, profitant de l'accalmie. Après ce sera surement grosse sieste pour tout le monde (sauf l'Homme de quart, bien entendu !) vu que la météo ne prévoit pas de
vent d'ici demain.
Bisous à tous

Position à 12h00 UTC : 55°47.1900' N 17°5.0900' W
Distance parcourue sur les 24 dernières heures : 180 miles nautiques
Vitesse moyenne sur la durée : 7,5 noeuds
Cap 170°
Vitesse instantanée : 6 noeuds
(Instrument peut être un peu optimiste...)